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Potion miracle

Nous avons tous en tête un film, un livre, une bande dessinée, se déroulant en Amérique, à l’époque de la conquête de l’Ouest, où l’on voit un docteur-charlatan arriver pour vendre une potion miraculeuse qui guérit tout… Nous avons tous ces images en tête, à un point tel qu’aujourd’hui, nous sommes tous méfiants à l’égard de produits miracles. Les publicitaires le savent bien : il ne faut jamais vanter tous les mérites d’un produit, mais se concentrer sur les principaux. Trop en faire peut rendre les gens soupçonneux.

Je suis un espérantiste, et en tant que tel, essaie de présenter la langue du docteur Zamenhof à mon entourage. Bien sûr, beaucoup de gens en ont entendu parler, mais la désinformation qui s’autoalimente autour de cette langue, a déjà fait son œuvre et je suis généralement froidement accueilli. De ce fait, et pour mieux convaincre, je suis tenté de vanter tous les mérites de la langue, comme beaucoup d’espérantistes. Ainsi je parle de la facilité à l’apprendre (167 heures de cours contre 1200 heures pour un niveau équivalent en anglais), de la faculté à être totalement immergé dans les cultures locales lorsque l’on voyage, des correspondants que l’on peut trouver dans le monde entier, du fait que les espérantophones soient de toutes les religions, toutes les tendances politiques, toutes les cultures et que la langue, par conséquent, n’impose pas la culture d’un pays… Je parle encore de l’effet propédeutique de la langue, qui permet aux enfants qui la connaissent d’apprendre d’autres langues plus vite et plus facilement que leurs camarades. J’ajoute encore que c’est une langue qui fait aimer les langues, de part son accessibilité et ses nombreuses qualités. J’argumente même sur les avantages de parler une langue auxiliaire, qui respecte les langues locales, les individus, par rapport à une langue universelle, qui veut s’imposer à tous… Et pourquoi ne pas également parler des effets bénéfiques sur la dyslexie ? Soit, aucune étude n’a encore été menée pour prouver ce dernier point, mais il n’en reste pas moins que les scientifiques pensent que l’origine de la dyslexie se trouve dans la difficulté d’écrire une langue, ce qui fait qu’un enfant parlant espéranto aurait toutes les chances d’y échapper…

Mais non, là, je vais vraiment trop loin. Quoi de plus naturel pour mon auditoire de répondre à ce moment là : « Est-ce que cela guérit également les problèmes de varices et les ongles incarnés ? » Comment, après avoir été échaudé par l’histoire du charlatan à la potion miraculeuse, ne pas faire un lien avec l’espérantiste qui vante la langue miraculeuse ?

Mais ce n’est pas tout. Un produit ayant autant de qualité devrait être très cher, c’est la moindre des choses… Or, lorsque l’auditoire demande comment apprendre la langue, il s’entend répondre qu’il peut faire cela gratuitement sur Internet. Un comble !

Amis espérantistes, c’est pour vous que j’ai écrit cet article. Soyez indulgent avec les gens qui vous entourent, ils ont été habitués à douter de tout ce qui parait trop bien fait. Comment ne pas comprendre qu’ils se ferment ou tournent en ridicule une langue qui semble n’avoir aucun défaut ? Une langue qui accumule tellement de qualités, que celui qui les énonce passe pour un charlatan ?

Je vous livre donc un simple conseil, amis espérantistes. Ne vantez pas tous les mérites de l’espéranto, contentez-vous d’en présenter un ou deux, les principaux. Et surtout, si l’on vous demande d’en dire plus à son sujet, demandez à être payé, cela rassurera votre auditoire…


Stéphane Veyret, mars 2007